Reproverse
2022
Exposition personnelle a Satellite Gallery SA-KURA, Nagoya, Japon
Installation, Technique mixte

J’ai produit Reproverse dans le cadre de ma résidence au sein de Aichi University of the Arts au Japon entre juillet et août 2022. L’installation a été exposée à l'exposition personnelle au Satellite Gallery Sakura en Août 2022.

Cette installation immersive est un univers de reproduction, un paysage composé entièrement de matière plastique, une matière que seuls les humains étaient capables de concevoir et de produire. Je vois cet univers comme le double de la société contemporaine japonaise. Ce travail est né de ma réaction sur cette société et plus globalement de la société du jetable et de la critique de celle-ci. C’est une histoire de soixante-dix ans au Japon qui a commencé avec la croissance économique incroyable après la fin de la Seconde Guerre mondiale, de son éclatement économique dans les années 90, et trente ans de récession qui ont laissé des dégâts indéniables sur la condition de vie.

Ce paysage artificiel est composé de quatre éléments : le ciel bleu azur, la pelouse verte de la prairie, le vent de surveillance, et le texte suscitant un point de basculement de la perception. 








Les bâches bleues (en japonais ブルーシート; buruushiito, tiré de l’anglais, blue sheets) sur lequel j’ai peint des nuages a un statut iconique au Japon. Les japonais sont des grands consommateurs de plastique pour deux grands raisons; la tradition d’emballer les objets avec soin et l’obsession des Japonais pour l’hygiène car, dans leur conscience collective, le plastique revêt un pouvoir protecteur. De premier prix, très fins, à utilisation unique, et pouvant remplir diverses fonctions; ces bâches sont alors devenues synonyme des constructions éphémères des sans-abris. Ces sans-abris, il sont nombreux des travailleurs intérimaires, la main d'œuvre à utilisation unique tout comme leurs abris jetables.

Les 10,000 feuilles d’herbe en plastique sont universellement reconnaissables car l’on le trouve dans des boîtes de sushi et ils agissent comme la représentation de l’exportation de la culture japonaise dans l’Occident.

Deux ventilateurs à tête orientable à pied étaient installés à chaque extrémité de l’espace d’exposition et sur le point le plus haut de ceux-ci, j’avais placé une caméra de surveillance connectée. Ces ventilateurs envoyaient en continu un vent régulier et agréable dans l’espace, et le ciel de bâches bleues s’agitait en un mouvement de vague qui produisait un bruit blanc meditatif.

Le texte absurde que j’ai imprimé avec une vieille etiqueteuse Dymo, avec son caractère nostalgique, était l'élément-passerelle entre la réalité perçue et son double